Shattrath, 23 mars
Le crépuscule approchait et Aphraëlle se tenait comme à son habitude en bordure de la terrasse des Clairvoyants. Les jambes pendues dans le vide elle attendait que le Soleil se couche, ou plutôt que la Lune se lève, pour savourer l’avancée du crépuscule sur la cité.
Elle ne se retourna pas en entendant des bruits de pas qui se rapprochaient. Comme chaque fois qu’elle était ici, le même paladin elfe de sang, prenait un malin plaisir à venir médire sur son compte. Nul doute qu’il espérait qu’elle finirait par quitter les lieux. Comme si le fait que son propre peuple ne l’accueillait qu’avec méfiance, voire carrément avec hostilité dans le cas des aldoriens n’était pas suffisant. Qu’ils aillent tous au diable.
Aphraëlle eut quand même le plaisir de voir que depuis leur dernière altercation, il venait accompagné de gardes du corps et restait prudemment derrière.
Outreterre, le lendemain,
Aphraëlle laissait son regard vagabonder sur le paysage dévasté qui s’offrait à sa vue depuis le pic rocheux où elle s’était allongée. Elle se souvenait encore de la beauté des lieux au temps de son insouciante jeunesse. Avant qu’elle ne fasse le choix qui avait changé sa vie à tout jamais. Et aujourd’hui encore elle se trouvait face à un choix.
Perdue dans ses pensés, elle fixa le soleil un moment en se protégeant légèrement les yeux d’une main gantée de métal. Cette vision familière la rasséréna, et elle esquissa un sourire mélancolique en se remémorant le nombre de fois où elle avait imaginé son avenir en ce même lieu. Se redressant elle fit l’inventaire des choix qui s’offraient à elle, et ils étaient bien minces.
Tout d’abord essayer de réintégrer les Trois Vœux. Mais sa vision du monde et ses buts finiraient obligatoirement par entrer en conflit avec la vocation pacifique de
la Guilde. Sans compter la réaction de certains de ses membres s’ils apprenaient son secret. Elle était partie pour éviter cela et savait qu’elle avait le bon choix.
Ensuite céder aux invites insistantes de Brouzouf pour le rejoindre à la Lune Noire.
L’enthousiasme du gnome pour ces nouveaux compagnons faisait plaisir à voir mais y aurait-il une place pour elle ? Brouzouf en était convaincu et ce qu’elle avait pu glaner comme information sur cette guilde lors de ses recherches semblait confirmer cela.
Enfin, elle pouvait reprendre le chemin solitaire qu’elle avait emprunté à son arrivée sur
Azeroth. Mais en faisant cela elle renonçait presque à coup sur à son but. Et elle savait pertinemment comment elle finirait sans sa haine et ses espoirs pour la soutenir.
Finalement le choix s’imposait de lui-même si elle voulait rester telle qu’elle était. Il ne
lui restait plus qu’à annoncer son départ au fief de Memento Mori et à prévenir Milho de sa décision.
Shattrath le surlendemain au matin,
L’entrevue avec Milho avait été on ne peut plus profitable. Au final ils partageaient les mêmes aspirations et lui aussi avait été démarché par un certain gnome. Aphraëlle se
dirigea donc vers le siège de la Lune Noire pour y laisser une candidature en bonne et due forme. Cela fait elle chercha Brouzouf dont les talents particuliers lui serait nécessaire pour s’affranchir d’une menace latente.
Shattrath le même jour au crépuscule,
Un sourire paisible était inscrit sur le visage d’Aphraëlle alors qu’elle contemplait de
nouveau le crépuscule tombant sur Shattrath. Son tourmenteur était en retard et elle profitait donc pleinement de la sérénité du moment. Elle ferma les yeux, se laissant allez au doux bruissement du vent dans ses cheveux et entendit enfin les bruits de pas familier. Tournant légèrement la tête, elle vit que le paladin était seul. Visiblement la potion de Brouzouf avait fait merveille sur ses gardes du corps et il n’avait pas pu les remplacer à temps. Tout se déroulait donc comme prévu.
Elle le laissa s’approcher sans réagir et commencer sa tirade habituelle. Il ne fallait
surtout pas qu’elle l’effraie pour réussir mais plutôt qu’il s’emporte. Aussi lui répondit t’elle par des répliques cinglantes là où habituellement elle restait impassible, bien qu’avec difficulté. Le ton montait vite et il fit enfin le pas de plus qu’elle attendait. Se lançant en avant elle l’attrapa par les épaules et le projeta derrière elle. Là où le vide conduisait directement à la ville basse. Ceci fait, elle s’éloigna en chantonnant, accompagnée par un long cri finalement interrompu, coupé par un bruit sourd.
Sam 5 Avr - 15:11
