Draenor, peu avant le départ de l’Exodar,
Les combats faisaient rage depuis plusieurs jours autours de la forteresse qui abritait le dernier espoir des Draeneïs. Les pertes étaient légion mais le front tenait, chacun donnant tout ce qu’il pouvait pour permettre aux ultimes préparatifs du départ d’avoir lieu.
Aphraëlle se tenait debout sur le bord du cratère causé par un gangrecanon. Elle observait depuis l’aube les lignes ennemies qui étaient étonnamment calme. Le précédent assaut avait presque traversé leurs lignes et les défenseurs s’attendaient à ne pas voir le soleil se coucher.
Tout à sa veille, elle n’entendit pas son second s’approcher avant qu’il ne l’interpelle. Une autre bizarrerie à attribuer à la guerre. Alors qu’elle était en tant normal une paria pour une grande partie de son peuple, c’est elle qui avait été désignée pour succéder à leur commandant lorsqu’il était tombé. Sans doute était-ce dû au fait que c’est elle qui avait mené l’assaut qui avait fait taire à jamais les batteries à porté de leur position.
« Crépuscule, une grande prêtresse demande à vous parler. Elle vous attend dans votre tente. »
Aphraëlle ne pût s’empêcher de tressaillir à entendre son surnom prononcer de façon aussi élogieuse. Crépuscule, le nom qu’on lui avait attribué en signe d’opprobre lors de sa métamorphose. Personne n’avait compris, et elle se garderait bien de leur expliquer.
« Bien, prend ma place et averti moi s’il y a le moindre signe de mouvement, je vais voir de quoi il retourne. »
Sur le chemin Aphraëlle passa en revue les raisons possibles de cette convocation. Le conseil avait-il eu vent du rôle qu’elle tenait au sein de sa troupe et tenait à lui rappeler sa place ? Cela était peu probable, il y avait déjà plusieurs jours qu’ils étaient coupés du reste des défenseurs à bloquer l’entrée de cette passe.
En entrant dans sa tente, Aphraëlle eut un mouvement de surprise en voyant qui était sa visiteuse. La draeneï qui lui faisait face portait effectivement une tenue de grande prêtresse. Sa peau était d’une blancheur presque éblouissante et son sourire chaleureux. Elle formait un contraste saisissant avec Aphraëlle dont la peau sombre et l’éclat crépusculaire était ponctué par un sourire désapprobateur. Et dire qu’il fut un temps où elle était jalouse d’elle.
« Aphra, enfin, j’ai cru que je n’arriverai pas à te trouver avant qu’il ne soit trop tard. »
« Danaé, qu’est-ce que tu fais ici ? L’Exodar doit partir sous peu et il est nécessaire que tu sois à bord à ce moment là. Tu n’as pas de temps à perdre à venir me voir. »
Un sourire attristé s’inscrivit sur le visage de Danaé à ces mots.
« C’est ainsi que tu le vois ma sœur ? Tu es parti au front en me laissant une simple lettre. Croyais-tu vraiment que je te laisserai faire ? Tu es la seule famille qu’il me reste, aussi ai-je pris quelques dispositions. Tu m’es maintenant assigné en tant que protectrice personnelle. Prend tes affaires tu pars immédiatement avec moi. »
Aphraëlle eut un geste d’humeur et c’est d’une voix presque inaudible mais menaçante qu’elle répondit.
« Qu’est-ce que tu crois faire ? Voler au secours de la veuve et de l’orphelin ? J’ai choisi de rester. Ainsi les choses seront mieux pour tout le monde. Je ne mérite plus d’exister, c’est ainsi et se voiler la face n’y changera rien. Alors tu vas me faire le plaisir de repartir tout de suite. »
Durant toute la tirade d’Aphraëlle, Danaé s’était progressivement rapprochée de sa sœur et c’est d’un ton bas afin que personne d’autre ne l’entende qu’elle parla.
« Aphra, je sais ce qu’il s’est passé. Je sais mais tu restes mon aimante sœur aînée et tu m’as sauvé la vie ce jour là. Je te l’ai toujours caché parce que j’avais peur de ta réaction. Mais maintenant je pense qu’il faut que tu le saches pour que tu acceptes de vivre et de partir. Si tu ne le fais pas pour moi, fais le pour le serment que tu as prononcé a ce moment. »
Le visage d’Aphraëlle était livide. Elle resta ébahi un instant, peinant à se remettre du choc, les yeux plongés dans ceux de sa sœur. Comment pouvait-elle encore la regarder ainsi, avec ce regard plein d’amour et de bonté ?
« Danaé, j’ai trahit tout les vœux que j’avais prononcés, j’ai trahit tout ce en quoi tu crois. Pourquoi ? »
Danaé répondit dans un sourire.
« Je te l’ai déjà dit Aphra, tu es ma famille. »