Histoire d'une voleuse...

Ce serait une douce soirée et j’avais décidé de la passer en dehors de Shattrat, seule.
De toute façon, je n’avais plus les moyens de dormir en ville et prendre l’air me fera du bien…

Enfin, si je n’avais pas financé la carrière de Brockalock, cet abruti en serait resté à seller les chevaux, mais j’aurais eu un nid douillet ce soir … Bref …

Assise au coin du feu de camp, je contemplais, entre mes doigts écartés, le jeu de lumières que projetaient les flammes, la tête posée sur mes genoux.

La chaleur bienfaisante, l’odeur du feu, et le ventre plein d’un succulent lapin fraîchement abattu, un pichet de vin à moitié plein… les conditions étaient parfaites.

J’étais bercée par le bruissement incessant des feuilles, par les danses des flammes souvent ravivées par un léger coup de vent, et je sentais que si mes joues étaient un peu rosées, ce n’était pas uniquement l’effet du feu. Ce vin elfique, « honnêtement » trouvé dans un sac à dos, était une pure merveille.

Je profitai de l’instant pour me replonger dans mes souvenirs :

Elle avançait d’un pas léger, sa cape en cuir flottant sur ses épaules délicates. Son armure en cuir était banale, pratiquement la même que tout le monde, à quelques pièces près… Attirer l’attention était souvent la dernière chose qu’elle voulait.

La jeune elfe retournait voir son maître. Elle avait rempli sa mission avec succès et rentrait maintenant faire son rapport…

Devant elle, se dressait maintenant une lourde porte de chêne massif. Aucune poignée n’était visible, mais elle savait que la porte s’ouvrirait quand son maître déciderait de la recevoir. Elle espérait que l’attente serait plus courte que la dernière fois. 6 heures représentaient pas mal de poches fouillées et elle n’aimait pas perdre son temps.

A son arrivée, la porte s’ouvrit sans un bruit. Le maître l’attendait… C’était bon signe, il aurait sûrement une nouvelle mission à lui confier.

La pièce en question était disposée tout en longueur. Des étagères, complètement remplies de livres à l’aspect ancien, couvraient tous les murs, à l’exception de quelques ouvertures qui laissaient passer la lumière du jour, chose extraordinaire vu que le bureau était au centre de la maison… Le cadeau d’un puissant mage pour service rendu.

Le sol était volontairement inégal, cela rendait la détection des pièges plus difficile. Même après 15 ans de loyaux services, elle n’avait put déceler les divers chausse-trappes et autre mécanismes dissimulés dans le sol et les murs.

Et pourtant ils étaient bien présents. Les rumeurs étaient fondées et beaucoup de ceux qui avaient déçu ou trahi le maître étaient ressortis les pieds devant, où n’étaient jamais ressortis…

Assis dans un fauteuil en cuir, l’elfe qui se tenait devant elle était un peu plus vieux. Son visage était marqué de plusieurs
cicatrices et son regard, froid comme l’acier des lames qui pendaient à sa ceinture, avait déjà vu bien des batailles et bien des cadavres.

Devant lui, sur le bureau, une bouteille à moitié pleine et 2 verres usagés.
Le maître était perturbé… Ce n’était pas son style de laisser traîner ce genre d’indices, se dit la jeune elfe.

Le regard qu’il lui jeta en l’invitant à prendre place devant lui, confirma ses soupçons…

- Tu en as mis du temps… C’était une mission pourtant facile… Tu te laisses aller on dirait … Tu ferais mieux de te ressaisir.

Elle rentra légèrement les épaules, toute joie d’avoir accomplis sa mission s’était envolée.

- Cette humaine était bien plus grosse que dans ta description. Il m’a fallu m’y reprendre à trois fois pour la retourner. Sans compter les gardes que j’ai du combattre tant elle a fait du bruit en tombant.

- Tes soucis ne m’intéressent guère. Tu l’as ?

La jeune elfe glissa sa main dans une des bourses et en sortit un petit bijou emballé dans un mouchoir. Elle le tendit au maître, un léger sourire aux lèvres.

- L’emplacement, lui était correct au moins … Dans le décolleté, comme tu me l’avais dit…
Il prit le bijou et le mis dans un des tiroirs. Lorsqu’il releva la tête, son regard était glacial…

- Ne me parle pas sur ce ton… N’oublie surtout jamais ta place !
- Désolée … Maître, Dis la jeune elfe en courbant la tête et en reculant pour se diriger vers la porte.
- Je t’ai demandé de sortir ? Il ne me semble pas….

Elle se figeât instantanément, un sentiment de peur mêlé à la rage s’empara d’elle.

- Décidément, je ne sais pas pourquoi père m’a « demandé » de te garder… Bref…
Il se trouve que j’ai encore une mission pour toi. Ce sera l’occasion de me montrer que tu es toujours à la hauteur … et que je ne te paye pas pour rien…
Tu as la chance d’être née de la race la plus élégante, il faut bien que tu t’en serves un peu.
Vois-tu, un de mes «clients » a des comptes à rendre avec un sorcier mais est trop pleutre pour les régler lui même.
Tu devines la suite. Le sorcier en question a un goût prononcé pour les jeunes elfes et fait souvent venir de nouveaux « arrivages » dans sa tour.
Tu prendras la place de l’une d’entre elle et tu t’arrangeras pour utiliser ceci.

Il lui remit un petit sachet

Nous avons un contact qui s’occupe répondre à sa demande. Tu le rejoindras demain matin.
C’est tout.

Au ton de ces dernières paroles, elle compris que la discussion était close mais ne put s’empêcher
de rester sur place.
Au bout de ce qui lui parut une éternité, son maître releva la tête

- Tu es encore là … Allez… va et ne me déçoit plus.


Pénétrer dans la tour ne fût pas un souci.
Le contact l’attendait à l’endroit indiqué. Après s’être changée, la jeune elfe accepta de passer les menottes et remis sa pierre de foyer à son prétendu geôlier.

Le voyage ne fut pas confortable mais il était court heureusement.
Une fois arrivés, ils se présentèrent devant la porte. Un oeil apparut scruta d’abord le geôlier puis Primevert. Lentement, la porte s’ouvrit sur un hall décoré avec goût.

Devant, un superbe escalier de marbre montait gracieusement vers les étages supérieurs.

Sur les murs, des tapisseries représentant tantôt un portrait, tantôt une scène de combat contre
des créatures difformes.
Au centre se tenait un humain. Sa robe de soie ne laissait dépasser que le bout de ses chausses bleu. Il portait des bagues à chaque doigt et le collier qui pendait à son cou débordait d’énergie magique. Le maître des lieux se tenait
devant la jeune elfe, un sourire en coin.

D’un regard, il renvoya le geôlier qui sortit sans se faire prier, en claquant la porte derrière lui.

- Alors te voilà… Il ne m’avait pas menti finalement. Un joli brin d’elfe effectivement. Son sourire se fit plus carnassier J’espère que tu vaudras le prix qu’il m’a demandé…

Au fait, parlant de cela, as-tu le petit paquet pour moi ? Tu sais, celui que t’a remis ton frère.

Le sang de l’elfe se glaçât dans ses veines. Lentement les murs se mirent à tourner. Trop de choses lui passaient dans la tête…. Ce qu’elle déduisait de ces derniers mots lui donnait la nausée. Elle tenta de garder sa dignité bafouée et regarda le mage dans les yeux.

- Hé bien… ne fais pas cette tête... Il aurait pût simplement te tuer comme il l’a fait avec beaucoup… Puis il devait t’estimer vu la somme rondelette que j’ai du débourser…

Enfin bref ... Nous en reparlerons plus tard … Pour l’heure… dodo !

Il jeta de la poussière au visage de l’elfe qui ne put l’éviter. Immédiatement, elle reconnu les effets du poison qu’elle avait bien souvent utilisé. Bientôt elle dormirait profondément. Pour l’instant, il fallait amortir la chute et le sol se
rapprochait vite, puis plus rien … le noir complet.


Brusquement, je relève la tête. Les flammes sont presque éteintes et la chaleur se fait nettement moindre. La lune est
maintenant à son zénith et éclaire totalement la clairière. Cela devait faire plus ou moins 2 heures que j’étais perdue dans mes souvenirs.

Il était temps de raviver le feu …
(Suite au prochain épisode :p)

Les flammes avaient maintenant repris leur danse hypnotique.
Après quelques gorgées de ce nectar, laissant dans ma bouche les saveurs de fruits exotiques, j'entrepris de fouiller mon sac à la recherche de mes dernières acquisitions : une lame de cérémonie, délaissée par un prêtre ayant abusé du vin de messe, quelques pierres de faible valeur et un petit coffret en titane.
Un rapide examen du coffret m'apprit qu'il y avait deux protections. La première, un dard probablement enduit de poison, serait facile à désamorcer. La seconde, par contre, était de nature magique et me demanderait plus de temps.
Cela attendrait demain matin, la nuit était trop belle.


Mes pièges tendus, mes alarmes silencieuses en place, je serais avertie à la moindre intrusion, et je ferais payer chèrement celui ou celle qui viendrait perturber ce moment.
Mon sac à dos en guise d'oreiller, je contemplais la lune, bercée par le crépitement incessant des bûches. Subtil mélange de simples chuchotements à peine audibles et d'éclats secs souvent suivis d'une trainée orange quand la cendre incandescente s'envole, j'ai depuis toujours été fascinée par le chant du feu.

Fermant les yeux, j'invoquai les images du passé...


Depuis plusieurs années maintenant, le rituel était le même. Le mage allait arriver sous peu et il commencerait à manger.
Comme à son habitude, il critiquerait la nourriture, ferait fouetter le cuisinier et sa fille, puis ordonnerait à la jeune elfe de danser pour lui.
Et comme d'habitude, depuis plusieurs années, elle s'exécuterait.
Elle n'avait pas le choix... Si le collier qu'elle portait lui laissait sa personnalité et ses pensées, il la privait par contre de toute liberté d'action, et la magie était trop puissante pour qu'elle puisse lutter.
Chaque ordre du Maitre devait être exécuté. Et il y avait des jours où elle aurait aimé perdre la raison et ne plus avoir conscience de ses actes.
Tuer la femme du tailleur, sous les yeux de ses enfants, lentement, la dague experte évitant soigneusement de toucher les organes vitaux , histoire de faire durer la souffrance, tant physique que morale. Tel était le dernier supplice qu'avait imposé le Maitre, telles étaient les images qui hantaient ses nuits.

Un jour, elle aurait sa vengeance...
Les années n'avaient pas la même signification aux yeux des elfes, eux qui pouvait vivre plusieurs millénaires. Elle serait patiente...


La salle à manger ou elle se trouvait était relativement classique.
D'un coté de la pièce, la table en chêne débordait de tant de plats différents qu'on aurait pu nourrir une garnison de soldats. Les odeurs de faisan rôti, se mêlaient à celle du bois crépitant dans la cheminée. Des pichets de vins, d'hydromel et d'autres boissons onéreuses remplissaient les derniers espaces disponibles. Et pourtant, seul le mage était attablé. Il y aurait encore tellement de gaspillage...
En face de la table, une petite scène était aménagée. Il y avait des cousins de soie et des voiles de tulle de différentes couleurs faisaient office de rideau. Au centre se trouvait une barre, permettant les acrobaties sensuelles qu'aimait le mage par dessus tout.
C'est là aussi qu'elle avait l'habitude de manger, se préparant à répondre aux ordres du mage.


Lorsque la fille du cuisinier vint lui porter son repas, elle fit un signe étrange à l'elfe, lui montrant son bol de soupe.
Au fond, gisait une petite pierre.
Elle en avait déjà vu de semblables dans les vitrines des marchands du Joug d'hivers.
Le jour tant attendu était il enfin arrivé ?

(réservé)

(réservé)

(réservé)

Coucou ici, juste un petit up pour vous signaler que j'avais édité un peu ce post
Car apres tout, c'est ici qu'il est né et vu que je l'ai continué un peu, je voulais partager ca avec vous aussi

J'espere que vous allez bien et que la Lune se porte bien aussi.

Bonne continuation.

c'est toujours avec plaisir que je lis ta prose donc n'hésite pas à continuer