Aphraëlle - De l'aube...

Sergent Nombre de messages : 156 Age : 45 Date d'inscription : 26/03/2008

42^ème monde après Argus,

La nuit était tombée depuis déjà de longues heures et d’épais nuages noirs empêchaient la lumière des trois lunes d’illuminer le flanc de la montagne. Adiphoise pesta une fois de plus contre son amour des grands espaces et son envie de liberté. Installer son habitation dans cette zone reculée lui avait pourtant semblé judicieux à leur arrivée sur cette planète. La vue était magnifique surtout après un long séjour à bord de l’Exodar, et rester près du vaisseaux lui donnait la nostalgie de temps enfuis.

Il s’arrêta de courir un instant pour reprendre son souffle et attendre sa femme et sa fille qui s’était légèrement laissées distancées. Il avait toujours été fier qu’elles soient autant bénies des Naarus mais aujourd’hui cette bénédiction était devenue une malédiction. Elles brillaient toutes les deux d’une intense lumière blanche qui se voyait à une grande distance par cette nuit noire. Il eut encore une fois un sourire protecteur devant les deux femmes de sa vie et le ventre arrondi de son épouse. Soudain il leur fit signe de s’arrêter alors qu’il sentit qu’une présence néfaste se rapprochait de l’endroit où ils se trouvaient.

La mort dans l’âme il se fondit dans l’ombre, laissant sa famille servir d’appât une fois encore. Sa femme tenait sa fille serrée contre elle en scrutant les ténèbres pour saisir l’instant où elle devrait agir. D’un signe de la main il lui indiqua la direction d’où surgirait leur ennemi et il sortit son épée de son fourreau. Cette fois encore tout se passa comme ils l’avaient planifié durant leur fuite. Le démon se rua sans un bruit vers les deux draeneïs, comptant sans doute sur l’effet de surprise, et se heurta au bouclier d’énergie dressée par Morandiaze. Le temps qu’il se ressaisisse, il fut frappé d’un marteau divin et l’épée d’Adiphoise profita de son instant d’inconscience pour lui transpercer la gorge d’un courroux vengeur. Il essuya sa lame sur le drapé qui ceignait les épaules du démon avant de faire signe aux deux femmes que la voie était libre et qu’il fallait repartir.

Ils progressèrent ainsi encore une heure, longeant le précipice qui marquait la limite du plateau rocheux qui avait été leur propriété personnelle durant les dix dernières années. Avant cette nuit où le signal du rappel avait résonné pour marquer que la Légion avait finalement découvert leur refuge et qu’ils leur fallaient fuir à nouveau. De temps à autres les arbres laissaient voir au loin les toits pointus de la ruine qui leur avait servi de demeure, vestige d’un lointain passé où d’autres êtres peuplaient ce monde. Maintenant de vilaines flammes verdâtres s’échappaient des fenêtres tandis que leurs poursuivants détruisaient tout dans leur soif de vengeance. La seule chose qu’ils avaient sauvée était ce qu’ils avaient sur le dos et le gros tome que tenait sa fille, souvenir d’une littérature éteinte qui avait plue à toute la famille. Si seulement ils étaient en ce moment en train de fuir avec une cargaison de choux, leurs ennemis encore loin, plutôt qu’avec une horde de démons qui se rapprochaient de plus en plus.

Soudain le moment que redoutait Adiphoise fut là. Son don lui laissait voir qu’une trentaine de démons avaient pris position entre eux et l’escalier souterrain naturel qu’ils cherchaient à atteindre. Il se tourna vers son épouse qui comprit à son regard qu’ils en étaient rendus à la pire extrémité qu’ils avaient envisagés : l’un d’eux devait se sacrifier pour qu’ils puissent passer. Or seul l’un d’entre eux était capable de retenir leurs poursuivants.

Les démons furent pris par surprise alors que ceux qu’ils cherchaient à détruire surgirent de derrière les arbres nimbés tous trois du halo caractéristique d’un bouclier protecteur. Profitant de leur immunité, ils parvinrent à rejoindre le mur sur lequel était dessiné une porte, ses deux montants décorés d’un arbre et son linteau surmonté de six étoiles entourant une couronne. Morandiaze posa la main sur la serrure en prononçant le mot Mellon, déclenchant ainsi l’ouverture de la falaise tandis que son époux se plaçait entre elle et les démons. L’entrée était située de façon fort propice au bout d’un petit vallon encaissé qui rendait son accès malaisé pour plus d’une personne de front. Morandiaze entraîna sa fille à l’intérieur et déclencha le dispositif de fermeture de la porte. A l’extérieur, Adiphoise illumina le sol autour de lui d’une lueur dorée pour maintenir les démons à son contact, il lui fallait gagner du temps afin que sa femme et sa fille puissent se perdre dans les galeries. Il se tourna juste un instant vers sa famille pour prononcer ses dernières paroles, « vivez », avant que ne résonne dans la nuit le choc d’une lame solitaire contre des griffes avides.

Salle d’observation de l’Exodar, en orbite hyperbolique autour du 42^ème monde après Argus,

Morandiaze et sa fille regardaient le monde qui avait failli être leur dernière demeure. Elles y avaient passé une longue période de quiétude et cherchaient à cristalliser les moments de bonheur pour exorciser leur départ tragique. Chacune était plongée dans ses pensés et ce n’est que lorsque la planète eut complètement disparue de la baie que Morandiaze pris sa fille dans ses bras et qu’elles laissèrent couler leurs larmes, éclairant la pièce des reflets de leur lumière sur les perles d’eau.

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69^ème monde après Argus, siège de l’ordre du serpent blanc,

La cloche de cristal venait à peine de sonner le début de la journée qu’Avella, la maîtresse des novices fit son entrée dans la chambre de la grande prêtresse. Celle-ci était occupée à trier les trop rares lettres de candidature pour l’ordre et ne releva même pas la tête devant l’irruption attendue.

« Dame Morandiaze, cela en est trop. Vos filles sont encore manquantes ce matin, comment voulez-vous que je maintienne un minimum de discipline dans de telles conditions ? Et puis votre aînée est bien trop âgée pour être encore une novice, cela fait au moins une centaine d’année qu’elle aurait due être ordonnée. Sans compter qu’elles vont encore sûrement revenir avec je ne sais quel animal ou être en détresse alors que je viens juste de ranger les cellules qu’occupait la famille autochtone dont l’habitation avait été détruite. »

Morandiaze continua sa lecture sans se soucier des récriminations qu’elle avait déjà entendu un grand nombre de fois, sachant que discuter ne servirait qu’à relancer sa maîtresse des novices sur l’un de ses sujets de prédilection. Lorsque enfin elle s’arrêta, elle lui tendit le papier qu’elle tenait prêt depuis la veille avec un sourire en coin. Avella le parcouru d’un air navré avant de reprendre.

« Comment ? Elles vont être ordonnées en même temps le jour du solstice d’été ? Si vous voulez mon avis, cela va encore les démarquer alors qu’elles ne respectent déjà même pas les règles. »

« Il suffit Avella, Danaé est en âge et N’Aton veut officier personnellement. Qui sommes nous pour aller contre la volonté du Naaru qui est à l’origine de notre ordre ? Sans compter qu’ainsi vous ne pénétrerez plus presque tous les matins dans mon office sans vous annoncer. »

Morandiaze avait conclu sa tirade d’un sourire narquois qui fit fuir son interlocutrice. Lorsqu’elle fut seule, elle sorti d’un tiroir un vieux livre usé par le temps et une lecture répétée. Elle en caressa la couverture d’une main rêveuse en pensant que ses filles étaient aussi proches que leurs alter ego de fiction.

69^ème monde après Argus, colline de l’aube,

La colline était presque vide, signe du déclin de l’ordre, vaincu par les attaques incessantes de la Légion et la nécessité pour tous les Draeneïs de pouvoir se défendre. La périphérie était occupée par les prêtresses et novices. Au milieu de la colline N’Aton, forme délicieusement géométrique et serpentine, pulsait d’une lumière blanche éclatante. Il se tenait au centre d’un pentacle représentant un serpent enlacé sur lui-même. Devant lui se tenait trois draeneïs : deux agenouillées qui étaient presque aussi lumineuse que le Naaru se tenaient par la main, la troisième plus âgé avait une main posée sur chacune de leur épaule gauche. Le soleil était à son zénith quand la cérémonie commença.

« N’Aton, Naaru fondateur, je te présente mes deux filles qui ont fait la demande de faire pleinement partie de notre ordre. Conformément au pacte qui nous lie puisse ta bienveillante lumière veiller sur elles tandis qu’elles répandront ton idéal de paix. »

La voix du Naaru était bienveillante alors qu’il pris sa part dans le rituel d’ordination.

« Novices, vous qui vous apprêtez à œuvrer pour la lumière, jurez-vous par elle de placer ses intérêts avant les vôtres ? »

C’est d’une seule voix que les deux sœurs répondirent.

« Oui, nous le jurons. »

« Jurez-vous de vous consacrer entièrement à soulager ce monde de la douleur qu’il contient et à répandre la bénédiction de la lumière partout où vos pas vous mènerons ? »

« Oui, nous le jurons. »

« Enfin, jurez-vous de respecter le caractère sacré de toute vie et de ne jamais en prendre aucune ? De ne jamais faire couler le sang ni semer la douleur par vos actes ou vos paroles ? »

« Oui, nous le jurons. »

« Je vous octroie donc ma bénédiction et vous remets ces anneaux qui marqueront aux yeux de tous votre appartenance à l’ordre du serpent blanc. Pour toujours et à jamais. »

Un coussin portant deux anneaux d’or blanc, sculptés de la même forme du serpent enlacé sur lui-même que le pentacle, lévita jusqu’aux nouvelles prêtresses qui les passèrent à leurs doigts. Ceci fait, N’Aton conclut l’ordination.

« Prêtresse Danaé, prêtresse Aphraëlle, soyez les bienvenues. »

Sergent Nombre de messages : 156 Age : 45 Date d'inscription : 26/03/2008

Draenor, cinq ans avant la guerre avec les orques,

Lorsque les deux prêtresses draeneïs se présentèrent aux portes du village orque de Pierrefendue, les deux gardes à l’entrée leur adressèrent un salut chaleureux. Cela faisait déjà deux ans qu’elles venaient une fois par mois pour parler des voies de la lumière aux enfants, et plus souvent encore pour soulager la vieille chamane Morg’Thale de son surplus de travail. La région était rude et les blessures nombreuses sans parler des habitations accessible uniquement par une longue marche à travers les montagnes.

Le temps qu’elles rejoignent la place du village où devait avoir lieu l’enseignement une horde d’enfants les entourait comme à chaque fois. Ils ne se lassaient pas de faire miroiter divers objets à l’éclat des deux sœurs. Sans compter que Danaé apportait toujours quelques sucreries qu’elle distribuait sans compter. Sur les lieux Morg’Thale les attendait pour superviser la séance d’un œil bienveillant comme toujours. Leur accord était simple, il s’agissait d’apprendre à se connaître et en aucun cas à endoctriner d’une quelconque façon.

Deux heures plus tard, Danaé et Morg’Thale regardaient Aphraëlle se faire entraîner par les enfants pour participer à leurs jeux. Aucune ne se souvenait à quel moment elle avait commencé à occuper ainsi le temps que passait sa sœur à en apprendre plus sur la culture chamanique des orques. Mais toujours était-il qu’elle en faisait beaucoup pour les relations entre leurs peuples par ce simple comportement.

Dané eut un léger soupir avant de s’adresser à sa vis-à-vis.

« C’est dans ces moments là que je l’envie le plus. J’œuvre du mieux que je peux pour accomplir ce que je crois juste, malgré les manigances politiciennes des différents ordres, et elle en fait plus simplement par instinct et bonté d’âme. A croire que notre projet ne sert à rien à part a cela. Et pour couronner le tout, elle brille plus que moi. » Danaé ponctua sa dernière phrase d’un rire cristallin qui fut repris par Morg’Thale.

« Notre seul but est de prouver qu’une cohabitation plus profonde est possible. A partir de moment où cela va dans le bon sens, je crois que peu importe le moyen non ? Et puis de ce que j’ai vu, je pense que c’est parce qu’elle sait que tu vois le monde tel qu’il est qu’elle peut le voir tel qu’il devrait être. »

Danaé eut un sursaut d’étonnement devant la compréhension qu’avait la chamane de sa relation avec Aphraëlle. Il fallait croire qu’elle s’était plus livrée qu’elle ne l’avait crue durant les nombreuses discussions qu’elle avait eues avec elle. Heureusement que Morg’Thale était une personne foncièrement bonne.

Draenor, trois ans avant la guerre avec les orques,

Les préparatifs de la célébration battaient leur plein. L’anniversaire de l’ordre n’avait lieu que tout les 1000 ans et était l’un des rites les plus important car N’Aton y participait à chaque fois pour renouveler sa bénédiction. Danaé repensait à sa conversation avec Morg’Thale tandis qu’elle était occupée a installer les sièges des invités. La chamane lui avait parue plus sombre qu’a l’accoutumée. Comme si quelque chose la tourmentait, alors que pourtant leur projet se passait pour le mieux. Elle avait été invitée avec Aphraëlle à assister à certains rites chamaniques, et Morg’Thale lui avait justement demandé d’accueillir trois appentis chamans pour observer la cérémonie et rencontrer un Naaru. Enfin, il serait temps d’en discuter avec elle lorsque la folie de la fête serait passée.

Siège de l’ordre du serpent blanc, la même année,

La cloche de cristal sonnait une dernière fois pour marquer que la cérémonie allait commencer. Sous peu, les prêtresses les plus anciennes s’uniraient pour l’amener dans la coupole où elle serait à nouveau consacrée par N’Aton. Dans cette même coupole attendaient pour l’instant les quelques invités ainsi que presque l’intégralité de la congrégation du serpent blanc. Au centre, un petit bassin circulaire était éclairé au trois-quarts par la lumière provenant de l’ouverture en forme de serpent située au sommet de la coupole. N’Aton se tenait en lévitation au dessus de l’eau et était légèrement auréolé d’un cône de lumière. Lorsque la lumière du soleil à son zénith permettrait à ce cône d’encadrer à la perfection les limites du bassin ainsi que le Naaru, la célébration pourrait commencer.

Danaé observait les sièges vides des émissaires orques en se demandant si les novices qu’elle avait envoyé pour les retrouver y parviendraient à temps. Pourtant l’édifice était surtout fonctionnel et ne regorgeait pas de coins où se perdre. En face d’elle, sa sœur et N’Aton étaient en pleine discussion, vibrante et brillante image de l’alliance qui unissait Draeneïs et Naarus. Elle eut un sourire en repensant aux nombreuses discussions qu’elle avait pu observer sur des sujets abscons comme la nature de la lumière ou sa bonté intrinsèque. Si Aphraëlle était incapable de s’adapter aux réalités du monde, elle possédait une grande foi en la lumière et passait pour une théologienne compétente.

Soudain, elle ressenti comme une perturbation dans l’atmosphère du temple. Se tournant vers sa mère, elle la vit se précipiter vers N’Aton tandis qu’Aphraëlle lui criait.

« Un portail, quelqu’un a créé un portail et ils arrivent. »

Sergent Nombre de messages : 156 Age : 45 Date d'inscription : 26/03/2008

Bon cette parti est finie. La suite plus tard.

Je profite d'avoir un post à remplir pour préciser comment je vois la divulgation de ces textes. J'écris comme pourrait l'avoir vécu des témoins occulaires. Après je laisse à chacun la liberté de décider de ce que son personnage à put apprendre en fonction des ses envies et des recherches qu'il a put mener.